Les différences de prix entre les quotas carbone européens et britanniques
February 28, 2024
Les différences de prix entre les quotas carbone européens et britanniques
Carbon Markets: Finance
Les prix du carbone sont influencées par le niveau de confiance accordé aux engagements environnementaux des responsables politiques. Cette corrélation est mise en évidence à travers des exemples des quotas carbone dans l'Union européenne et au Royaume-Uni.
Les marchés carbone, instrument politique de lutte contre le réchauffement climatique
Selon un rapport du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), la température de la planète a déjà augmenté en moyenne de 1,1 degré Celsius depuis la Révolution industrielle en raison de l'activité humaine. Pour inverser cette tendance, le marché des quotas carbone est l'un des instruments les plus efficaces dont disposent les États. Il permet de réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) et encourage les entreprises à investir dans de nouvelles méthodes pour réduire leur impact environnemental.
Des volumes des marchés du CO2 conséquents à la hausse
Le volume de marché du Système d'Échange de Quotas Carbone (SEQE) à l'échelle mondiale l'année dernière confirme l’interêt croissant envers ces marchés qui sont un pilier fondamental dans la lutte contre le changement climatique : selon des spécialistes du LSEG, en 2023, il a atteint le chiffre record de 881 milliards d'euros. Ceci représente une augmentation de 2% par rapport à 2022.
Il existe environ 40 différents marchés régulés du carbone. Ceux de l'Union européenne et du Royaume-Uni sont parmi les plus sophistiqués, et jouent un rôle crucial dans la réalisation des objectifs de l'Accord de Paris. Cependant, les prix des quotas des deux systèmes ne sont pas les mêmes. Nous aborderons ci-dessous les raisons de cette différence.
EU ETS vs UK ETS : Les particularités des systèmes d’échanges de quotas européen et britannique
Le marché du carbone européen
Lancé en 2005, le SEQE de l'Union européenne (UE) couvre environ 45 % des émissions de gaz à effet de serre de l'Union européenne et de quelques autres pays européens. Ce système a fixé une limite aux émissions pour environ 11 000 installations industrielles et énergétiques dans l'UE, en attribuant et permettant l'échange de quotasd'émission.
Selon le rapport Carbon Market Year in Review du LSEG, en 2023, le SEQE de l’UE (Emissions Trading Schemes en anglais – ETS), le plus grand du monde, a atteint un volume d’échange de EUR 770 milliards l'année dernière. Cela représente 87 % du total mondial.
Depuis 2005, il s'est avéré être un outil puissant pour réduire les émissions dans la région, contribuant significativement aux engagements climatiques internationaux. Il a permis une diminution constante des émissions dans des secteurs clés comme celui de la production d’énergie, stimulant la transition vers une économie plus durable. Les industries assujetties ont réduit leurs émissions de +40% depuis la création de ce marché.
Le marché du carbone britannique
Établi en janvier 2021 comme l’alternative à l'EU ETS après la sortie du Royaume-Uni de l'UE, le SEQE britannique (UK ETS) repose sur des principes similaires à ceux du système européen, tant en termes de conception que d'objectifs climatiques poursuivis.
Comme l'EU ETS, l'UK ETS s'applique non seulement aux industries de l'énergie et de l'aviation, mais devra aussi couvrir le transport maritime intérieur d'ici 2026 et l'incinération des déchets et les déchets du secteur de l'énergie d'ici 2028.
Comment expliquer la différence de prix du carbone entre l'UE et le Royaume-Uni ?
Initialement, et juste après que le Royaume-Uni ait quitté l'Union européenne, les quotas d'émission des deux systèmes ne présentent pas de grandes différences en termes de prix. En Novembre 2021, un quota au Royaume-Uni coutait EUR 65.19, ce prix étant de EUR 69.4 en Europe au même moment. Mais à partir de mars 2023, la valeur de l’UK ETS a connu une baisse plus que considérable par rapport à son homologue européen.
En septembre de la même année, le prix de la tonne de carbone est descendu à son niveau historique le plus bas au Royaume-Uni, atteignant près de EUR 40 par tonne ; tandis que l'EU ETS a clôturé à près de EUR 84.
Cette évolution du prix du carbone britannique s'explique d’une part par une augmentation de la production d'énergie propre qui a entraîné une baisse de la demande de permis de la part du secteur de l'énergie; et d’autre part par la réévaluation des objectifs climatiques par le Royaume-Uni.
L’importance des engagements politiques pour les marchés carbone
Un an auparavant, Rishi Sunak, Premier ministre britannique, annonçait l'intention de reporter ou de supprimer différents projets conçus pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. L’objectif annoncé était de donner la priorité à la croissance économique du pays. De plus, l'invasion russe en Ukraine et d'autres facteurs mondiaux étaient mentionnés comme les causes de l’augmentation des prix de l'énergie, obligeant l'État à revoir ses objectifs climatiques.
Une analyse de Energy UK publiée en octobre 2023 expliquait à ce moment-là que, au cours du dernier semestre de l'année précédente, les prix du carbone au Royaume-Uni avaient collecté près de 1 000 millions de livres de moins que ce qu'ils auraient pu collecter si les prix étaient restés au même niveau qu'en 2022.
Cette même étude prédisait que si ces prix bas pour la tonne de carbone se maintenaient, le Trésor britannique pourrait perdre jusqu'à 3 milliards de livres de revenus par an. De même, elle mettait également en garde contre le fait que, à partir de 2026, les entreprises exportatrices britanniques vers l'UE pourraient payer 500 millions de livres par an au titre de la taxe carbone à l'UE en raison du Mécanisme d'ajustement aux frontières pour le carbone (CBAM).
En fin de compte, la baisse du prix des UK ETS en comparaison avec les permis carbone européens démontre l'impact des décisions politiques dans la lutte contre le changement climatique. Elle vient également souligner l'importance de la coordination et de la cohérence internationales pour parvenir à une transition efficace vers une économie faible en CO2 qui encourage l'investissement dans les énergies renouvelables.
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