Prix carbone : Comprendre et Anticiper les Impacts
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La communication de l'UE sur les objectifs climatiques de l'Union pour 2040 a été publiée en février 2024. L'engagement de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre de 90 % d'ici à 2040 figure en tête des annonces. De plus, des nouvelles stratégies de gestion du carbone industriel de l’UE ont été mises en avant lors des publications.
La longue attente est enfin terminée : la communication de l'UE sur les objectifs climatiques à l'échelle de l'Union pour 2040 est arrivée. Première annonce : les émissions nettes de gaz à effet de serre doivent diminuer de 90 % d'ici à 2040. En outre, nous avons également reçu des informations sur les priorités de la stratégie de gestion du carbone industriel de l'UE. La Commission européenne qualifie ces nouveaux objectifs d'ambitieux, avançant que "si l'on s'en tient à l'objectif recommandé pour 2040, le nombre de décès prématurés dus au changement climatique passerait de 466 000 en 2015 à 196 000 chaque année d'ici à 2040".
Cependant, tout le monde n'a pas trouvé ces annonces satisfaisantes. Les principales inquiétudes portent sur les points suivants :
1. Le fait que les objectifs soient relatifs et non absolus ;
2. L'ambition en matière d'émissions agricoles n’a pas été inclue dans le rapport, contrairement aux attentes.
Les régulateurs se montrent prudents quand il s'agit d’ambition climatique, surtout à l'approche des élections de la Commission et du Parlement européen qui se tiendront cette année.
L'Union européenne vise à lutter contre le changement climatique - les régulateurs fixent des objectifs climatiques pour limiter les effets néfastes du réchauffement de la planète sur les citoyens et l'économie. Ces objectifs sont importants car ils influencent de nombreuses autres régulations et mise en place de programmes publics. Par exemple, les objectifs climatiques de l'UE encadrent la décision de la Commission concernant le plafond du système d'échange de quotas d'émission (SEQE), c'est-à-dire le volume maximal d'émissions de carbone pouvant être produites au cours d'une période donnée.
Dans notre précédent article, nous avons vu que jusqu'à présent, les régulateurs avaient fixé les objectifs climatiques de l'UE à l'horizon 2030 et à l'horizon 2050. D'ici à 2050, l'UE vise la neutralité carbone, c'est-à-dire une réduction significative des émissions de carbone et un équilibre entre la quantité restante de CO2 émise et la quantité retirée de l'atmosphère (et donc empreinte carbone nette nulle). D'ici à 2030, l'initiative "Fit for 55" vise à réduire les émissions de l'UE de 55 % par rapport aux niveaux de 1990.
Toutefois, jusqu'à présent, un objectif intermédiaire n’était pas annoncé, objectif qui définirait la voie à suivre entre 2030 et 2050. Les émissions marginales étant plus difficiles à réduire (il devient de plus en plus difficile de réduire chaque tonne de CO2 supplémentaire), la trajectoire vers l'objectif final est importante.
L'annonce initiale a défini un objectif de réduction nette : une diminution de 90 % des émissions nettes de gaz à effet de serre d'ici à 2040. Cette décision s'appuie sur la recherche du Conseil consultatif scientifique européen sur le changement climatique et sur une analyse d'impact explorant les voies permettant d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050.
L'autre annonce faite début février concerne la stratégie de gestion industrielle du carbone de l'UE. Elle présente des méthodes pour capturer, stocker et utiliser le carbone de manière durable afin d'atteindre la neutralité climatique d'ici à 2050. La Commission évaluera la quantité de CO2 qui doit être directement retirée de l'atmosphère pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de l'UE pour 2040 et 2050.
Selon un document de questions-réponses publié par la Commission européenne, l'UE devrait dépenser chaque année 1,5 % de plus de son PIB (par rapport aux dépenses effectuées entre 2011 et 2020) pour réduire les émissions de carbone conformément aux nouveaux objectifs. L'investissement annuel moyen dans le système énergétique (hors transport) doit atteindre environ 660 milliards d'euros par an entre 2031 et 2050. Cela représente une augmentation nécessaire des investissements dans les systèmes énergétiques de 1,7 % du PIB (2011-2020) à 3,2 % du PIB (2031-2050). Enfin, l'investissement annuel dans le secteur des transports devrait atteindre environ 870 milliards d'euros, soit environ 4,2 % du PIB de l'UE.
Comme nous l'avons vu plus haut, l'annonce des objectifs climatiques de l'UE pour 2040 a été faite en "termes nets", ce qui signifie que les régulateurs préparent le terrain pour les mécanismes de capture et de stockage du carbone. Voici les priorités annoncées :
Ce type de projets est très critiqué, car l’avancement technologique actuel ne permet pas la certitude de l’efficacité de ceux-ci - il y a encore d'immenses défis industriels et scientifiques à surmonter.
Des études telles que le rapport sur les scénarios compatibles avec l'accord de Paris pour les infrastructures énergétiques soutiennent que les ambitions annoncées sont réalisables avec le même niveau d'activité économique que la situation actuelle, sans entreprendre de changements majeurs.
Selon le directeur politique de Carbon Markets Watch, Sam Van den Plas, "si l'histoire nous enseigne quelque chose, la Commission européenne a toujours sous-estimé les objectifs climatiques de l'UE. Malheureusement, l'objectif proposé pour 2040 ne fait pas exception. En plus de fixer un objectif 2040 inadéquat, la Commission n'a pas non plus renforcé les politiques climatiques de l'UE pour 2030 et, malheureusement, un objectif climatique pour 2035 n'existe toujours pas."
Ces annonces marquent le début du débat politique sur le climat à l'approche des élections parlementaires et de la Commission européenne qui auront lieu en juin de cette année. Certains sondages indiquent que les résultats des élections pourraient entraîner un glissement vers la droite au sein du Parlement européen, ce qui se traduirait par une réduction de l'ambition en matière de politiques climatiques. L'une des principales inquiétudes suscitées par les annonces relatives à la stratégie 2040 était leur prudence politique. Non seulement les objectifs sont trop facilement réalisables, comme nous l'avons vu plus haut, mais ils négligent également des sujets importants. Malgré les perturbations sociales et les manifestations en cours, le secteur agricole est absent des annonces.
Le directeur des politiques agricoles et alimentaires de l'Institut du développement durable et des relations internationales, Pierre-Marie Aubert, a réagi à cette annonce en soulignant que les élevages bovins avaient déjà été exclus du champ d'application des directives sur la réduction des émissions industrielles, ce qui réduisait l'efficacité des outils politiques en place. De plus, il a rappelé que le Parlement européen a voté contre la proposition de règlement sur l'utilisation durable des pesticides. En outre, le projet de loi-cadre sur les systèmes alimentaires durables et le paquet législatif sur le bien-être des animaux ont été abandonnés. Enfin, le règlement sur la restauration de la nature n'est pas encore entré en vigueur et a été considérablement affaibli. Tous ces éléments sont également considérés comme mettant en péril l'ambition des objectifs climatiques de l'UE pour 2040 par la coprésidente du programme de travail sur les migrations de la CCNUCC, Lola Vallejo.
Sources
European Commission, 2024. 2040 climate targets
European Commission, 2024. Recommendations for 2040 targets to reach climate neutrality by 2050